vendredi 19 février 2016

Les pieds dans l'eau.

Une heure du matin et je n'arrive pas à dormir, mes yeux restent désespérément ouverts en me disant que samedi sera une journée géniale. J'ai chaud, je me sens moite, j'ai l'impression d'être malodorante aussi, je suis toute seule dans l'atelier: allez il est grand temps d'aller prendre une douche. Ce n'est qu'un filet d'eau glacé qui tombe du vieux tuyaux découpé mais au moins l'eau est propre et j'ai du savon c'est cool. Je suis en pleine réflexion en regardant ce moustique obèse de s'être trop servi de moi et cette araignée si mal en point il y a quelques secondes qui en dévore maintenant une autre goulûment. Le vent se met à souffler, ca rajoute un aspect de film d'horreur aux scènes déjà pas très rassurantes qui se passent dans ma tête... Allez vite se rincer et vite sortir de là retourner dans mon lit si rassurant.

Les murs ne sont que des planches de tôles et bougent un peu au gré du vent, qui passe à travers les trous pour remuer les toiles d'araignée. Je sors et à la lumière qu'on laisse allumée pour attirer les moustiques en dehors de ma chambre je vois les feuilles des arbres se secouer au son d'un rock que je n'entends pas, remarque vu leur frénésie c'est peut-être du dubstep. Les premières gouttes d'eau tombent sur le toit fin, je les entends énormes s'écraser sur la tôle, et j'espère que demain je pourrais travailler quand-même. Je m'allonge à nouveau et par quelques miracles me réveille quelques heures plus tard.

Il est donc 5h quand j'ouvre à nouveau les yeux, regardant si tu m'as parlé durant ma nuit et le début de ta journée, il pleut encore à torrent, j'espère que ca s'arrêtera dans la matinée. Entre sommeil et éveil, les heures s'écoulent, je t'envoie quelques messages, m'inquiète de savoir comment ca se passe pour toi: chaotiquement mais ca va, alors ca va. Il est 8h je suis sensée être au travail mais suis toujours dans mon lit, il est inutile de penser livrer des journaux sous la pluie. Je regarde la météo et voit que ca ne s'arrêtera que vers 11h apparemment, bon peut-être que j'y irais à ce moment-là, je mets un dernier réveil à 10h pour me preparer.

Ce n'est pas mon réveil qui m'a réveillé, mais l'autre argentin là, celui qui m'énerve tout le temps, celui qui a décidé que l'atelier c'était chez lui, celui qui tambourine comme un con à ma fenêtre pour que je vienne lui ouvrir, de bonne humeur évidemment. Il ne comprend jamais quand je lui dis non et me parle comme si j'étais une sous-douee, l'autre jour il a cru bon de m'apprendre à fermer une poche poubelle parce que peut-être que je fais pas ca en France, puis de toute facon il vaut mieux lui parler avec des signes elle connaît pas toutes les conjugaisons de ma langue natale elle doit être un peu conne non?

Je râle donc, referme la porte, il fait sombre, j'allume la lumière mais rien. Il n'y a plus de lumière, et le vent souffle toujours, fort comme ce matin, voire plus, et la pluie tombe et tombe. Un peu ebêtée je regarde enfin par la fenêtre et voit que l'eau est partout, l'atelier est une petite île entourée d'eau. le fleuve avait pourtant baissé ces deux derniers jours, la menace que l'atelier soit inondé semblait écartée... Juanco, le maître des lieux, vient et me demande comment je vais: bien, je vais bien. Regardons comment l'atelier va, par contre. Bonne nouvelle ma chambre ne prend pas l'eau, en revanche la cuisine est inondée, mais ca va il n'y a pas d'électricité ou quoi, il n'y a que l'évier et une table, le frigo et la gaziniere sont au sec. Ouvrons la grande porte de l'atelier pour voir... L'eau est rentrée. Elle est allée loin dans l'atelier, tout le fond prend un bain, et les vaguelettes pénètrent encore et encore à cause de ce vent qui ne veut cesser de souffler. Je m'inquiète, Juanco aussi, ca fait bien longtemps qu'il n'a pas vu de vent souffler comme ca. «Allez, Querida, je dois y aller, je reviendrais plus tard. Et si ca empire, nous trouverons une solution.» Oui, et moi je retourne m'allonger en attendant que ca cesse. Après tout, même quand il fait beau en ce moment, je ne sais plus trop quoi faire, alors là enfermée dans un atelier inondé...Il vaut mieux me rendormir.

14h, ma tablette fait du bruit et me réveil. Internet est revenue, il y a de la lumière dans ma chambre: l'électricité est la! Je vais pouvoir me faire à manger c'est génial! Alors je fais un état des lieux, une nouvelle fois: je suis toujours entourée d'eau, mais non elle n'a pas pénétrée plus loin qu'avant. Le vent ne souffle plus, tout est calme, les oiseaux chantent, essayant sans doutes de retrouver leur nid, et si je n'ai pas envie de chanter là maintenant tout de suite je suis juste soulagée par l'idée de pouvoir rester ici, je n'ai pas à trouver de solution, et ca soulage. Lundi ou mardi, je serais partie d'ici: plus d'ennui, plus d'inondations... Enfin sur ce point je n'en suis pas sûre. Mais au moins mon voyage reprendra, et je ne serais même pas obligée de partir à la nage! Enfin je crois...

(Photos disponibles sur Facebook sur la page El Pandito Viajando, n'hésitez pas à aller la suivre!)

mardi 9 février 2016

C'est un peu une déclaration...

Je crois que j'ai enfin pris conscience de mon erreur. Non pas que je regrette de partir loin de là, ce que je vis est génial! Mais je ne le savoure pas bien, tout simplement je crois parce que je suis partie dans un mauvais état d'esprit. L'avion a atterri et je suis restée en l'air, admirant passivement les lumières de Buenos Aires.

Je voulais apprendre à affronter la solitude, mais j'en suis incapable, il faut que je change de stratégie et apprenne que ma peur fait partie de moi. Il faut que j'apprenne à vivre avec ce qui m'est cher, toi.

J'ai horreur de ca, de me dévoiler au monde, de faire dans le mielleux et le sentimental, mais je crois que c'est juste ma fierté qui parle. Maintenant que j'ai dit au monde que je partais seule, il faut bien que j'assume devant lui que ce n'est pas surmontable. Alors voilà, je le dis et je l'assume: je t'attends. Oui je t'ai demandé de venir, oui j'attendrais le temps qu'il faut dans ce petit village où je suis pour que tu puisses voir de tes yeux les mêmes merveilles que moi, et pour qu'enfin mon sourire soit sincère.

Je ne veux plus sans cesse chercher le contact avec la France parce que tu y es, je ne veux plus penser à chaque instant «si seulement tu voyais ca», je n'en peux plus. Je m'en veux d'avoir eu la chance inouïe de partir, et de ne pas la savourer à sa juste valeur: je crois que ta présence me fera me pardonner à moi-même ces quelques jours d'égarement en échange de ces mois entiers d'épanouissement qu'il nous restera à vivre.

J'ai le coeur plus léger depuis que j'ai assumé que je ne pouvais pas être sans toi, et un sourire plus sincère maintenant que je sais que bientôt tu seras à moi. Je suis encore rêveuse, regardant toujours vers les quelques jours qui nous séparent, mais ce n'est pas grave, l'échéance est proche, et je sais que bientôt quand je regarderais le ciel se refléter dans l'eau calme du fleuve en cru je verrais ta silhouette à côté de la mienne.

Fuck ma fierté, et merci à toi d'exister!

lundi 1 février 2016

San Pedrito!

Me voici à San Pedro! Ce fut bien dur d'y aller...

Si le stop ne m'a pris que dix minutes d'attente, en revanche trouver le bon coin de Buenos Aires pour en faire m'a pris 5h30... En effet, des gens de l'auberge dans laquelle j'étais avait voulu m'aider en m'indiquant un endroit où aller, mais ce n'était pas un bon endroit étant donné que San Pedro était à l'exact opposé! Pour trouver des bus pour aller au bon endroit c'était très compliqué car il n'y a de plan de la ville nulle part, encore Mons de plan du réseau de bus même sur Internet... Du coup j'ai ricoché d'une indication à une autre pendant 5h30 avant d'enfin tomber sur la bonne direction! Une voiture, un camion et 2h plus tard, à 18h, me voici à San Pedro!

Les gens m'ont regardé bizarrement, avec mon gros sac et mes poils sur les jambes. J'ai demandé à quelques personnes où je pouvais dormir, ils m'ont indiqué l'office de tourisme et quelques hôtels. Je n'ai pas trouvé d'office du tourisme, mais le dimanche soir il y avait peu d'espoir... Alors je me suis contentée de toquer à quelques hôtels. Sur deux, l'un m'a refusée, l'autre à pris le temps de me parler et surtout de m'écouter avec mon espagnol plus que bancal, pour finalement me.dire qu'il n'avait pas de travail pour moi mais qu'il pouvait m'heberger une, deux, voire trois nuits. La victoire! Ca me.laisse le temps de trouver du boulot si il y en a, bien que le gérants de l'hôtel m'ai dit qu'il doutait que j'y arrive, les gens étant plus fermés qu'en ville ici. Alors si je n'y arrive pas, j'irais dans une autre petite ville que j'ai repéré plus à l'ouest, et si ca ne marche toujours pas j'irais dans de plus grandes villes, ca m'importe peu. Et si ca ne marche TOUJOURS pas alors je me presserais vers le Chili où j'ai un contact. Bien qu'il soit trop au Sud par rapport à mon trajet, je peux le faire si je réduis mes escales!

Mes revenons à notre hôtel. Le gérant m'a donc dit qu'il me donnait une chambre, mais pas une très fameuse... Ca m'importait peu, j'avais une chambre! Je pensais qu'il n'y aurait pas de problème...  Je ne suis pas capricieuse. Mais il est vrai que j'ai tiqué quand en entrant dans la chambre... 4 cadavres de cafards m'attendaient. Charmant! Et puis une araignée de taille bien raisonnable avait également élu domicile à la fenêtre... Donc bon, non, je n'ai pas passé une très bonne.nuit. Mais cet état m'avait donné la preuve que si, je pourrais aider à faire le ménage, il y en avait grand besoin!

Du coup ce matin, je suis allée déjeuner. C'était mon premier repas depuis mon départ de l'auberge hier matin, puisque j'ai passé la journée sur la route... En voyant tant de mets succulents, mon corps s'est mis à trembler d'excitation, je ne m'étais pas vraiment rendue compte à quel point j'avais faim avant ca. Après tout, je n'avais pas osé demander un repas hier, il venait déjà de me donner le gîte gratuitement. 

Après le petit déjeuné, je suis allée directement trouver le personnel pour proposer mon aide. Après délibérations, ils m'ont envoyé accompagner certains d'entre eux à l'étage préparer des chambres. Quel travail méticuleux! Mon corps à eu du mal à supporter le contraste entre diète et repas copieux, je n'ai pas été très bien toute la matinée, mais après un peu de sommeil: c'est reparti! Alors je suis allée retrouver le personnel en m'excusant, et la seule chose qu'ils m'ont demandé à été si j'avais mangé... Étant donné que non, alors ils m'ont préparé un bon repas malgré mes protestations, et me voici devant une simple assiette de frite avec du poisson pané qui risque de faire du bien!

J'aime cette ville, j'espère pouvoir y rester. Une seule grande route existe pour l'atteindre, elle se retrouve bloquée tout contre le fleuve, et je trouve que ca lui donne un charme fou, même si les gens ne sont pas très ouverts d'esprit. Elle est un peu grande mais pas trop (cc la belle tournure de phrase!), les gens ont l'air de bien se connaître. J'espère que je vais pouvoir me faire une place ici! Alors croisons les doigts!