dimanche 27 mars 2016

L'article du retard et du Chili!

ENFIN ARRIVÉS AU CHILI! Bon certes depuis deux semaines... Le temps passe vite, et oui nous avons un jour été pris à la frontière, ce qui était assez inespéré!

Lendemain matin de notre nuit à la frontière, nous nous réveillons tôt pour aller de nouveau guetter les voitures. Une arrive alors avec... surprise! Paloma et Enzo à l'intérieur! Ces deux là ont toujours un grand sourire et surtout plein de bouffe sur eux!! Ils nous en donne pas mal avant de repartir avec Flor occupant la dernière place de la voiture: on se donne tout trois rendez-vous à Copiapo dans la journée. Miracle! Quelques minutes plus tard une autre voiture arrive... Et refuse de nous prendre. Les aléas rageant du stop... Mais après trois quatre autres heures d'attente où je ne tiens plus en place au grand damn de Louis, une famille arrive dans un bus aménagé. Non pas un camping-car, mais un vrai gros bus dont ils ont virés tous les sièges pour mettre des canapés, des lits, des toilettes, et même des quads qui attendent d'être déballé! Ils nous prennent avec plaisir et sont adorables avec nous. Le seul problème du bus: 20km/h... Dans la montagne, à une altitude de plus de 4500mètres... Maux de tête, de ventres, poussières dans l'habitacle et donc dans nos poumons, enfants un peu capricieux qui pleurent beaucoup... Autant dire que ces 8h pour arriver à Copiapo furent longues.

Arrivés là-bas vers 22h, Louis et moi décidons de chercher un petit restaurant pour nous faire plaisir et contacter Flor pour aller dormir chez elle. Deux mauvaises surprises: de une, les prix ont changés de beaucoup, la vie est chère et le prix des repas correspond aux prix qu'on peut trouver en France, ce qui quand on a notre manière de voyager et qu'on sort d'Argentine est extrêmement cher... De deux, Flor héberge Enzo et Paloma et ne peut donc nous recevoir... Nous avons eu une réponse positive pour le couchsurfing mais malheureusement il est trop tard maintenant pour contacter la personne nous ayant dit oui. Il nous faut donc passer la nuit dehors ou trouver un hôtel en échange de boulot... La deuxième solution aurait été parfaite mais les hôtels nous refusent tous, sans pitié, allant même à nous claquer la porte au nez sans même que nous ayons fini notre phrase. Nous demandons donc à des jeunes un endroit tranquille où se poser pour dormir et ils nous conseillent près du casino, où nous allons. Le voyage est long après tant d'heures éprouvantes en bus, un sangle de mon sac est cassée le rendant donc très lourd, nos nerfs lâchent petit à petit... Arrivés devant le casino, grand, beau, et cher, vient vers nous un homme nous demandant des feuilles pour se faire une cigarette. Il nous propose aussi de lui acheter de la marijuana, nous rions en lui disant que sans avoir de quoi se payer un lit, nous ne lui acheterons pas de ça ce soir! Il nous embobine alors en nous parlant d'un hôtel pas cher etc... Et un quart d'heure plus tard part en courant avec mon portable. Fort heureusement il n'avait pas beaucoup de valeur, à part sentimentale puisque mes musiques et mes photos étaient dessus. C'est donc le moral dans les bottes que nous retournons vers la partie hôtel du casino... Et décidons d'entrer. La chambre la moins cher était à 86€, c'est un hôtel 5 étoiles. Nous sortons notre carte de crédit.

Il était trois heures du matin, nous sommes rentrés dans cette chambre plus spacieuse que mon appart étudiant en France quand j'en avais un, où deux moelleux fauteuils nous attendaient, une douche à l'italienne, une baignoire, une télé avec donc de la musique, et enfin un lit moelleux à souhait, le plus grand dans lequel nous n'avions jamais dormi, avec un nombre innombrable de coussins. A la réception, le garçon nous expliqua les horaires du casino, je souris un peu, puis nous dit que nous avions de la chance que l'on soit jeudi, la boîte de nuit aussi était ouverte, je me suis autorisée un rire, je crois qu'il a compris. Nous sommes toutefois allés consommer la bière gratuite offerte par la maison au bar du casino, dans ce monde tellement loin de celui dans lequel nous vivions depuis des semaines. Puis nous sommes rentrés et nous sommes fait couler un bain, regardant en riant notre «bronzage» partir avec le savon. Nous avons pu nous regarder dans de grands miroirs, rire des cheveux de Louis qui profitent actuellement de l'absence de paire de ciseaux pour prendre leur indépendance, constater que les poils de mes jambes et de mes aisselles n'allaient pas tarder à leur rivaliser... Tout ceci avec en fond musical du metallica, muse, et U2 joués au violon. Lorsque nous sommes allés dormir, nous savions que la nuit serait courte mais reposante, que le lendemain nous attendrait un merveilleusement énorme petit déjeuner, et nos nerfs allaient mieux. Oui c'était cher, oui ce n'était pas raisonnable, mais nous en avions grand besoin, et ne nous autoriserions ceci peut-être (surement) qu'une seule fois dans le voyage alors bon! Et après tout, si le bonheur à un prix, nous sommes prêt à le payer.

Lendemain, nous apprenons en fin d'après-midi que Flor ne peut de nouveau pas nous héberger, alors nous contactons Lucas, le couchsurfer de la veille. Lui et sa compagne Francisca nous accueillent avec plaisir et nous passons de très bons moments ensemble durant 4 jours. Ils sont très cultivés et ont beaucoup de recul sur leur pays, nous apprenons beaucoup à propos de la politique du pays, de l'éducation, de la vie ici en général, c'est un vrai plaisir de converser avec eux. Ils nous conseillent de trouver un travail plus au sud, à La Serena, qui est une ville plus belle et plus accueillante que Copiapo, qui se veut être la ville la plus moche du Chili... quelle réputation! Nous partons donc environ 5 jours après notre arrivée à Copiapo pour La Serena. Faire du stop ici est assez facile et nous arrivons à destination en début d'après-midi avec une adresse où chercher du travail! Malheureusement le restaurant n'embauche plus d'étrangers. Toutefois, je repère l'enseigne du journal local et demande l'adresse du bureau pour m'y présenter. Après ceci, Louis et moi trouvons l'hôtel le moins cher de la ville, une auberge de jeunesse, pour nous poser. Elle est sur le routard et à une très bonne réputation ce qui est mérité!

Après deux nuits à La Serena sans trouver de boulots et en payant l'hôtel, nous rencontrons la patronne qui propose de nous embaucher comme peintres en échange des lits, ce que nous acceptons sur le champs! Le lendemain alors que nous commençons à travailler, je suis contactée par le journal également qui m'embauche aussi. Ainsi, je travaille le matin pour vendre le journal, et nous faire des sous, et Louis travaille toute la journée à l'hôtel pour nous payer le dortoir (je l'aide évidemment l'après-midi). L'ambiance est géniale à l'hôtel, très familière, nous rencontrons beaucoup de voyageurs, beaucoup de français, pas loin d'une vingtaine alors que nous n'en avions pas vu de tout le voyage... La dernière nuit nous nous sommes d'ailleurs retrouvés avec 4 autres français dans le dortoir de 6 personnes, ca nous paraissait tellement étrange!! En effet, depuis notre arrivée, parler la même langue que quelqu'un signifie qu'on lui autorise à nous comprendre, voir qu'on veut qu'elle nous comprenne. Alors qu'en présence de français, on ne s'adresse pas forcément à eux mais ils peuvent tout entendre... On a l'impression d'avoir moins d'intimité, c'est perturbant. Le staff de l'hôtel est pour le moins adorable (excepté une ou deux personnes mais bon ca arrive!) et nous participons pas mal à des soirées, des barbecues etc. Jamais nous n'oublierons Jenniffer, cette patte chilienne tant amoureuse des français qui nous a tellement aidé durant ce séjour, et dont le sourire et le soutien mental nous est rapidement devenu indispensable durant ces longues journées de travail!! (Jenni si nos leemos, ¡gracias por todo, nunca vamos a olvidarte!) Je me retrouve aussi à devoir parler anglais en plus de l'Espagnol et c'est un véritable enfer, l'Espagnol me vient tellement naturellement que faire une phrase simple en anglais est pour moi quasiment insurmontable (j'ai à la base un assez bon niveau d'anglais), mais je m'y rehabitue petit à petit. Je dis bien je car Louis a totalement abandonné l'idée de parler cette langue pour le moment ahah! En revanche, ces jours à l'hôtel l'ont aidé à améliorer son espagnol puisqu'il peut ici prendre le temps d'avoir des conversations avec des gens ayant l'habitude de rencontrer des étrangers et prenant la peine de le comprendre. Mais il est vrai qu'au bout de dix jours nous voulons recommencer à voyager et c'est avec plaisir que nous quittons la Serena pour aller vers notre nouvelle destination: Puerto Montt, dans la maison de Paloma!! Même si nous caressons l'espoir d'aller visiter les tant connues îles Chiloe...

Nous avons passé notre première nuit de voyage à Concon, une petite ville près de la grande ville de Valparaiso... Nous qui comptions trouver un petit village, quelle surprise ce fut de nous retrouver en face d'une série d'immeubles et de restaurants, une ville tellement animée alors que la nuit tombe! Fort heureusement nous avons trouvé un garçon adorable qui nous emmena jusqu'aux Dunes de Concon, réserve naturelle en plein milieu de la ville, en face de la mer... La vue y était magnifique et je rage de ne pas avoir une qualité photo suffisante pour avoir pu capturer ce beau tableau! Nous passons donc une nuit tout de même assez tranquille, bien que troublée par le peu d'espace que nous offre ma petite tente une place...

Et nous voilà maintenant de nouveau en route pour Puerto Montt, avec en poche en adresse où passer la nuit donnée par des gens adorables qui nous ont pris en stop, et enfin pris en stop après bien près de 4h à marcher et galérer à Santiago (le stop dans les capitales, cette horreur...).

Voilà donc un résumé assez bref (ne m'assommez pas svp haha) de ce que nous avons vécu au Chili pour le moment! Je ne me suis pas beaucoup étalée sur comment était la vie ici, mais je pense faire un article exprès dessus car il est vrai que c'est assez complexe et que nous savons désormais assez de choses après de multiples conversations avec un peu tout le monde pour vous l'expliquer bien en détails. Je m'excuse pour ceux qui attendaient des nouvelles du retard de mes articles, ce n'est pas toujours facile de concilier temps, envie d'écrire, inspiration, et trucs a dire! Bref du coup j'arrête avant que l'article soit encore trop long, en terminant par de plates excuses à mes amis lettrés (cc Gaïa) pour toutes les fautes que j'ai pu faire en écrivant cet article.

jeudi 10 mars 2016

Que largo viaje!

22h19, 9 de marzo, 2016.

Nous voyageons depuis maintenant trois jours et allons passer notre troisième nuit dehors. Trois jours, qu'est-ce que c'est? Rien. Nada. Nothing. Mais je vois sur son visage que ces trois jours l'ont marqué, j'ai maintenant en face de moi un homme qui sait ce que c'est que l'épreuve, j'ai en face de moi quelqu'un qui a mûri rapidement, et suffisamment pour savoir que ce n'est pas assez. Je ne sais pas si il le sait mais je le vois dans ses yeux, dans chacun des traits de son visage. Et peut-être voit-il quelque chose qui s'y apparente sur le mien, mais je suis un peu trop narcissique pour lui avoir laissé le temps de me le dire avant de le penser.

Au début tout est allé vite, très vite, et très bien. Nous sommes sortis assez rapidement de San Javier, puis avons été pris pour Villa Dolores, plus grande ville, où quelqu'un nous a indiqué le chemin à prendre pour Quines. Il nous a dit que nous étions fous, de faire demi-tour, qu'il n'y avait rien là-bas, que nous allions sur de trop petites routes. Nous avons continué, car après tout nous avons tout le temps du monde, non? Puis arrivés au bon endroit pour faire du stop, nous avons attendu une demi-heure, le temps était long, nous remettions en question notre décision, mais toujours avec le sourire: ça irait! Puis une voiture nous a enfin pris et nous sommes arrivés au bout du petit village de Quines... Et quel village! Après être arrivés sur la route principale, un panneau nous a indiqué qu'elle était fermée. La raison quelques mètres plus loin: le pont qui ralliait cette route à la ville de Quines, au-dessus d'une rivière,était effondré. Le terme de «cortado», coupé/écourté/toute chose de cet ordre en espagnol me paraissait être le plus approprié au monde. Heureusement pour nous la rivière était à sec et nous avons à peine mouillé nos chaussures, frappés par la désolation féerique des lieux.

Au cours de mon, puis de notre voyage, j'ai remarqué que ces deux termes opposés se mariaient à la perfection. San Pedro et son inondation, des coins abandonnés ça et là, tout semblait tiré d'un autre monde, d'un film d'horreur des années 90 ; mais tout est réel ici, et sans cesser de s'émerveiller nous l'acceptons comme fait totalement normal, peut-être signe que notre esprit s'ouvre, ou bien alors que nous ne réalisons pas que c'est la réalité réelle. Souvent je me demande comment nous allons pouvoir vivre à notre retour en France. Comment faire pour vivre avec des gens qui comme nous avant n'osent vraiment s'imaginer que tout ceci peut exister? Bien sûr que nous savons que c'est vrai, que non le monde ne se cantonne pas à notre Europe si différemment pareille d'un bout à l'autre -bien que l'on ne m'entendra jamais dénigrer les merveilles que recèlent notre cher continent. Mais je divague!

Traverser ce village désolé nous prit deux heures, nous croisâmes quelques personnes qui furent de bon conseil pour trouver le chemin le plus pratique pour se rendre à Chamical, village charnière entre notre petite route et la grande route de la Rioja. Après quelques quarts d'heure à lever le pouce, nous avons été pris à l'arrière d'un petit camion benne (aucune idée de comment ça s'appelle!) par des gens adorables qui nous ont emmenés loin sur la route de la Rioja: trois heures de voyages à reculons à regarder le paysage défiler et espérer que le soleil pointerait le bout de son nez pour réchauffer nos corps frigorifiés (pour moi du moins ah ah) par le vent... Et pour permettre à Louis de bronzer un peu! Un camion nous prit ensuite directement après et nous arrivâmes dans la soirée, à la ville de la Rioja où nous avions décidé de faire escale pour la nuit. La traverser nous prit du temps, et trouver un café un peu plus. Là nous avons trouvé l'adresse d'un lieu pour dormir: un refuge chrétien tenu par une bonne soeur et quelques fidèles. Nous n'avions pas de quoi payer la chambrée à 200 pesos par personne, mais on nous accepta quand-même pour la nuit en échange de seulement 100 pesos, plus symboliques qu'autre chose, la centaine qu'il restait nous servirait à nous acheter de quoi manger.

 Le lendemain, après notre première nuit dans un lit depuis deux semaines, partir de la ville fut compliqué, et on se retint de voler un cheval avec difficulté ahah! Mais un homme nous emmena à la sortie de la ville, puis une femme un peu plus loin, et petit à petit, grimpant dans la montagne, nous avons été pris jusqu'à atteindre Tinogasta. La donne avait changé, si la veille nous trouvions qu'attendre trente minutes était long, de ce côté-là du pays attendre deux heures commençait à devenir une habitude, le passage se raréfiant. De plus, nos réserves de nourriture s'amenuisaient, mais nous ne trouvions pas le temps de rester dans les centres-ville, essayant toujours de rester sur la route principale. Arrivés à Tinogasta à environ 17h, enthousiastes à l'idée que nous avancions mine de rien lentement mais sûrement, nous tâchions d'atteindre le village suivant quand une voiture s'arrêta près de nous pour cracher deux autres auto-stoppeurs, des copains mochilleros. Nous n'avons malheureusement pas l'équivalent de ce mot en français, qu'on traduirait globalement par voyageur en sac, mais cela comprend aussi naturellement le principe du stop et de vie au jour le jour, c'est tout un concept de vie résumé en un seul mot, que je préfère de loin à «touriste», mais qui reste tout de même moins spirituel et pompeux que voyageur. Mais encore une fois je m'égare! Paloma et Enzo aussi se rendaient au Chili et comptaient également dormir dans le village suivant de Fiambala. Ils s'éloignèrent de nous car faire du stop à 4 est quasiment impossible et nous attendîmes. Les voitures passèrent, de plus en plus rares, et l'orage vint: nous nous rejoignimes dans un petit abri, puis les heures passèrent, la nuit tomba et on se trouva un autre abri meilleur où passer la nuit. Paloma venait du Chili et nous parla de son pays: là-bas les gens sont bons, il est plus sûr d'y voyager qu'ailleurs, et faire du stop y est facile. Elle et Enzo, Argentin pour sa part retournaient chez elle, au Sud du Chili et elle nous invita Louis et moi à passer, ce que nous avons accepté puisque le voyage sera rapide. De plus, elle avait un argument de taille: les gens du Nord du Chili sont apparemment plus froids que ceux du Sud... Que de raisons de nous décider! Nous avons partagé la nourriture que nous avions, à savoir pâté et conserves froides pour notre part et fruits, pain, yaourt et Dulce de Leche pour la leur, et avons dormi dans une maison abandonnée, qui comportait l'essentiel: 4 murs et un toit!

On s'est réveillé ce matin à l'aube. Quelques voitures passaient déjà, après un échange de coordonnées, nous nous sommes salués et avons chacuns étaient d'un côté de la route pour lever le pouce. Quand une voiture nous prit, elle ne les avait pas vu, mais ça ne dura pas longtemps: une heure de route plus tard, à la sortie du village suivant, voilà que nous les retrouvions, de la même manière que nous les avions rencontré hier! Mais on s'est vite séparés afin de ne rater aucune occasion de se rapprocher de la frontière, les voitures étant de plus en plus rares. Pour notre part, nous avons été pris par un homme des environs, pendant que Paloma et Enzo ont préféré s'arrêter au kiosque et attendre la voiture suivante. Nous ne les avons pas revu depuis! L'homme s'avérait être très cultivé, curieux de tout, renseigné sur la géologie, l'histoire, la science, s'intéressant à ce que nous lisions en attendant qu'une voiture passe. Durant les 100 kilomètres de voyage au coeur de montagnes de calcaire désertiques, il nous parla beaucoup des lieux, de la faune, de la flore, pendant que Louis et moi ne pouvions qu'acquiescer, nos yeux grands ouverts, tâchant de prendre ces photos qui ne réussissent jamais à capter la beauté du lieu. Du rouge, du blanc, du gris, du vert, un peu de jaune, et le bleu du ciel. Le silence, la  nature, le sauvage. Notre conducteur nous déposa sur la route, près d'un petit refuge arrivé ici comme par magie, rare trace de l'homme en ces lieux si l'on exceptait la route. Lui allait dans un petit village reculé où nous n'aurions trouvé personne pour aller à la frontière: alors nous attendîmes, dans le vent froid de la montagne, et le silence, qu'une voiture passe. A la fois magique et angoissant! Nous n'avions plus qu'une fin de paquet de gâteau et une conserve de petit pois, il fallait absolument que quelqu'un passe.

Fort heureusement une demi-heure plus tard notre voeu fut exaucé et un charmant couple de Buenos Aires nous prit. Renseignés sur les lieux, bavards, très avenants, le voyage fut une partie de plaisir même si nous ressentions la fatigue plus que jamais. Enfin nous arrivâmes à la douane et ils nous laissèrent là pour que nous attendions que quelqu'un aille jusqu'au Chili. Puisqu'il n'y avait rien d'autre que la douane ici, ils nous donnèrent deux sandwichs que nous avons dégustés avec bonheur, l'après-midi à peine entamée. Puis nous avons attendu en compagnie de la gendarmerie et de la douane forts aimables, ainsi que de Flore, une Chilienne attendant depuis le matin qu'une voiture passe pour Copiapo, notre destination. Et les heures passèrent, et nous avons lu longtemps, nous sommes inquiétés un peu aussi, et au bout de 7h d'attente la douane ferma: plus personne ne passerait ici pour la journée. Nous devons attendre demain. Heureusement juste à côté de la douane se trouve un petit refuge pour les gens coincés comme nous. Nous n'avons pas de sous pour payer un lit mais le maître des lieux nous a accepté quand-même, on ne pourrait dormir dehors sans mourir de froid. Nous avons pu parler à Flore qui nous a dit qu'elle pourrait nous trouver de quoi nous héberger à Copiapo, et peut-être même trouver un peu de travail si nous restons une ou deux semaines, ce qui serait bienvenu puisque nous sommes pour l'instant à sec! Les cartes de crédit ne s'utilisent pas beaucoup ici, les gens ne sont pas très équipés. Mais ce n'est pas grave, les gens sont bons et comprennent, ils nous donnent le nécessaire, et nous n'avons pas trop le sentiment de survivre, juste de vivre simplement, ce qui n'est pas plus mal.

Et voilà maintenant plus d'une heure que j'écris nos aventures... Et quelles aventures! De vrais galériens bien comme on aime, c'est mine de rien sympa de ne se soucier que de demain. Nous voilà maintenant dans de petits lits avec plein de couvertures pour tâcher de palier au froid qu'il fait dans la pièce non chauffée: sac de couchage et deux couvertures pour moi, trois couvertures pour Louis... La nuit risque d'être moins agréable que la précédente! Mais au moins nous avons eu une douche chaude pour la première fois depuis plus de deux semaines, et ça, ça change la vie! Enfin, il est tant que j'aille dormir. Au plaisir de vous avoir raconté ma vie!

jeudi 3 mars 2016

San Javier et ses araignées.



Oh bonjour vous ça fait longtemps. Comment ça c'est de ma faute?!

Bon j'avoue ça fait longtemps que j'ai pas écrit d'articles. Mais il faut dire vu les conditions dans lesquelles nous sommes logés, il faut nous comprendre. Et oui je passe du je au nous sans transition. Je suis comme ça moi. Une folle vous dis-je.


Deux semaines bientôt que nous sommes partis de San Pedro et à vrai dire je ne sais trop par où commencer mais je sens que cet article va être long! Mais avant de parler de fin, parlons du début.


Au départ de San Pedro, nous avons eu de la chance: le fils de Juanco, aka le mec qui m'a prêté les locaux pour dormir pendant un mois entier, partait jusqu'à Cordoba pour un boulot pile le jour de notre départ. Cordoba est une grande ville au milieu de l'Argentine, c'est la grande ville la plus proche de San Javier, petit village où nous avons trouvé de quoi faire du wwoofing (terme obscure expliqué un peu plus bas, n'ayez crainte!). C'est une ville vraiment magnifique, bien que nous n'ayons pas eu le temps de la visiter correctement. Nous sommes arrivés là-bas aux alentours de 8h, avons trouvé un petit café pour déjeuner, un coin pour nous reposer une heure ou deux (la voiture de 3h à 9h du matin, ca calme!), puis sommes partis en quête de bus pour sortir de la ville. Après avoir tourné et reviré pas mal pour trouver un moyen de partir à moindre coût (avec seulement une centaine de pesos en poche pour nous deux, soit moins de 7€), nous avons rencontré une jeune fille fort sympathique qui nous a carrément donné sa carte de bus afin que nous puissions sortir de la ville tranquillement... Je regrette de ne pas l'avoir embrassé. Et Louis aussi. Arrivé au point de la ville où les bus ne passent plus, nous avons laissés nos couteaux à portée de main sous les conseils avisés de nombreuses personnes qualifiant ce coin de la ville comme étant dangereux (que lindo <3), nous sommes pris un bel orage sur la gueule, et avons enfin trouvé quelqu'un acceptant de prendre le joli couple d'autostoppeurs que nous sommes! (Modestie: -1000)


Sortir de Cordoba à mine de rien été beaucoup plus facile que sortir de Buenos Aires. Mais la galère des bus reste la même: si on ne trouve pas de personnes connaissant le réseau, c'est foutu... Mais bon nous en sommes sortis sans encombres et c'est le principal! Nous avons traversés une ville ou deux puis des villages de plus en plus petits, avant de traverser la montagne... Les paysages étaient à couper le souffle, et on regrette de ne pas avoir pu prendre plus de photos, bien que je doute fortement que de simples pixels puissent retranscrire la puissance que dégageait cet endroit, c'est trop faible, ca ne suffira jamais! Enfin, après avoir bavé bien correctement tout le long de la petite route sinueuse traversant la montagne, et après avoir rencontré plusieurs automobilistes, nous sommes arrivés de nuit à la Chacra Raiz, petite ferme que nous avions contactés afin de faire du wwoofing deux semaines. Alors le wwoof c'est quoi? World-Wide Opportunities on Organic Farms.Je sais ca ne vous aide pas beaucoup! En gros ce sont de petites fermés biologiques qui logent et nourrissent des volontaires en échange de travail. La belle aventure, surtout perché en haut d'une colline en pleine montagne! Du moins c'est ce que nous croyions. Après avoir voyagé pendant tout de même 18h, nous sommes donc arrivés de nuit dans la petite ferme où le maître de maison nous a accueilli en nous présentant simplement une tente sale, pleine de terre, et trouée, dans le noir. Découvrir le lieu dans lequel nous allons camper pendant deux semaines dans le noir, pas très rassurant. Heureusement pour nous nous avons eu droit à un repas chaud à manger dehors évidemment, à la seule lumière de nos portables... Ce n'était pas vraiment ce à quoi nous nous attendions! Lendemain rendez-vous 8h30 chez lui. Et nous verrons.


Après une nuit somme toute assez désagréable sur une terre dure à souhait (je rappelle que devant parcourir 4 pays en 4 mois nous voyageons léger et n'avons que nos maigres sacs de couchage pour dormir ainsi qu'une tenté minuscule), nous nous retrouvons chez Santiago, le maître de maison, pour partager un petit déjeuner complet qui sera le dernier offert par la maison. En effet, lors de ce déjeuner, on nous explique le fonctionnement du wwoofing ici: le petit déjeuner et le dîner nous devons nous le préparer seul avec les provisions qu'ils nous donneront, pour ne pas réveiller les enfants le matin et avoir un peu d'intimité le soir. Nous partagerons seulement avec eux le repas du midi après avoir travaillé toute la matinée (soit 4h) pour mériter cette hospitalité. Le reste du temps nous ne sommes pas ensemble, chacun fait sa vie comme il l'entend. Cependant, nous avons notre dimanche de libre.

Toutefois, le samedi, il y a dans le village à côté une feria, petit marché de producteurs locaux. Si nous voulons notre matinée de libre ce jour-là, il nous faut travailler une après-midi un autre jour. Sous le soleil d'été à haute altitude. Ca donne envie! Mais bon, ca ira.


Et nous voilà aujourd'hui, jeudi, soit l'avant-dernier jour avant le week-end. Nous partons de la ferme lundi prochain pour le Chili. Entre temps, des coups de soleils, des piqûres de fourmis et de moustiques à foison, des affrontements contre des araignées faisant la taille des mains de Louis (bah oui si ce sont les miennes c'est pas drôle), des nuits à se tourner et se retourner sur un sol dur comme du béton, des muscles endoloris, des soirées à se faire à manger dans le noir, des douches froides, des nerfs à fleurs de peau, des disputes pour rien, des réconciliations plus que nécessaires... Autant dire que ce séjour nous aura bien forgé le caractère pour la suite! Mais bon.


J'avoue que je souligne surtout ici les mauvais moments car ils ont été nombreux. Mais rassurez-vous il n'y a pas eu que ca! Il y a eu des paysages à couper le souffle (qui a foutu ce fond vert derrière les arbres?!), des bains dans des bassins naturels à l'eau limpide, des rencontres avec des gens tellement heureux juste de nous prendre 10 minutes en stop, des repas le midi que jamais on aurait autant savouré dans un autre contexte, des moments à nous plein d'amour, des fous-rires, et d'autres instants si précieux à nous. Oui c'est dur de travailler là-bas, non on ne pense pas que le travail que nous fournissons ne mérite qu'une tente trouée, mais bon tant pis, la prochaine fois on demandera plus de renseignements, et puis merde on verra. D'autant plus que maintenant nous comprenons VRAIMENT quelle chance nous avons d'avoir cet objet magique qu'est un matelas <3!


Et maintenant? Eh bien maintenant, comme dit un peu plus haut, nous nous apprêtons à partir pour le Chili. Le voyage, qui se déroulera lui aussi totalement en Stop, nous prendra environ trois jours. Trois jours de freelance total où nous dormirons où nous pourrons dormir, que ce soit en tente ou chez qui voudra de nous (en faisant les yeux doux à nos chauffeurs hihihi), où nous mangerons sûrement nos conserves froides, et où nous nous efforcerons de ne pas regarder l'heure! Une fois arrivés au Chili: fini le wwoofing pour le moment! Nous essaierons cette fois le couchsurfing. Cette fois, nous demandons à des gens qui proposent une chambre ou un canapé chez eux de bien vouloir nous accueillir quelques jours en échange... d'échange. Oui, juste en échange de l'aspect culturel, de bons moments à partager, du bonheur de rencontrer quelqu'un, et de nos jolis petites bouilles de galériens! Bon, personne ne nous a encore accepté (on est jolis pourtant :( ) mais on ne perd pas espoir!


Enfin bon, voilà où nous en sommes pour le moment. Je vous avais dit que cet article allait être long! Mais pour vous récompenser d'avoir tout lu bien correctement, je vais mettre quelques jolis photos sur Facebook parce que vous le valez bien. Bon j'avoue que ceux qui lisent pas auront les photos aussi... Mais chut on va rien dire. En plus ils auront pas l'article que Louis écrira un jour peut-être avec sa jolie écriture pleine de fautes qu'on lui pardonnera peut-être. (Je ne me tiens pas garante de quelque brûlure de rétine que ce soit.)


Sur ce, il fait nuit chez nous aussi, et on doit rentrer en stop: donc on va vous laisser! Merci de suivre nos aventures en espérant vous faire rêver un peu, et gros bisous les copains <3!


(PS: désolée pour la longueur.)