samedi 30 avril 2016

C'était la merde

27 avril.


Ça fait peur et ça donne pas envie d'être adulte. Pas envie de devoir tout gérer, pas envie d'avoir à affronter la réalité.

Mon voyage je voulais pas que ce soit ça, je ne pensais pas vivre comme ça, mais y' a toujours des imprévus dans la vie. Sauf que cette fois c'est tout un amont d'imprévus plus gros les uns que les autres.

Le sujet aujourd'hui c'est l'argent, monde capitaliste de merde, bien que le communiste ne soit pas franchement mieux, et je n'arriverai pas ici au point Godwin... Mais passons. Nous avions décidé d'aller passer trois jours à Lima prendre la température (chaud) et ça fait maintenant une bonne semaine qu'on galère. 

 Ça avait commencé à Cusco: arrivés dans la ville la plus proche du Machu Pichu et donc une des plus touristiques, pas de couchsurfer: hôtel. Pas très cher mais déjà ça, pendant 4 nuits, dont deux en matrimonial parce que pas le moral et besoin de se retrouver et de toute façon ne t'en fais pas ça ira après on ne se paie plus grand chose. Voyage en stop, on se paie une nuit imprévue à l'hôtel, mais fallait bien la passer quelque part cette nuit. Arrivés à Nasca, hôtel une autre nuit. Et puis un resto parce que t'inquiète on va avoir des sous, alors ça ira, et puis je tombe malade, alors une autre nuit. Pas cher à chaque fois, et toujours un peu plus, et la merde arrive: j'oublie mon code de carte bleue. On doit se servir de celle de Louis qui n'a pas droit à quelque crédit que ce soit. On part de Nasca, en stop parce que pas la thune, et puis on arrive enfin à Lima avec plus un seul rond parce que pas l'occasion de retirer: on demande de la monnaie de ça de là pour se payer un bus et arriver au point de rendez-vous qu'un mec sympa nous a donné pour nous héberger. Il n'est jamais venu, une autre nuit à l'hôtel... On négocie les prix, on paie le moins cher possible, cette fois on a juste vraiment pas le choix, mais ne vous en faites pas on paiera demain.

 Le lendemain au réveil la bonne surprise: Louis est en-dessous de 0, plus le droit aux retraits. Je me bats à retrouver mon code mais rien à faire quand on sait pas on sait pas, je ne connais plus que le sien... Un virement de mon compte au sien? Demander confirmation à la banque. Un jour de plus. On laisse le passeport à l'hôtel en guise de caution et trouve quelqu'un pour nous héberger deux nuits. On nous donne une semaine pour rembourser, ne vous en faites pas on sera là avant. Le banquier confirme que je peux faire un virement, je le fais: délai d'attente 3 jours parce que c'est le premier. Bon, nous attendrons. T'en fais pas on trouvera. On trouve quelqu'un d'autre pour nous héberger quelque jours de plus «juste deux ou trois maximum ça suffira je pense!». Les trois jours s'écoulent mais il faut confirmer par téléphone, je n'ai plus ce numéro-la, je confirmerais bien avec un autre mais il faut que le banquier le confirme aussi, et toujours ces connasses de 7h de décalage qui font qu'on se réveille quand eux ferment. Un mail est envoyé, et mon code est en cours d'envoi aussi mais il faut attendre ça met du temps putain, je l'ai fait envoyer chez une amie, elle n'est pas là. Son père n'est pas là non plus. Elle rentre en urgence pile le jour du délai, soit aujourd'hui, c'est génial je ne la remercierai jamais assez tout va rentrer dans l'ordre! La boîte aux lettres est vide. Le facteur passe à 10h environ, il sera 3h ici, on va encore bien dormir...

 6 jours ont passés depuis notre arrivée à Lima. On doit de l'argent, on envoie un à deux mails par jour aux banquiers pour essayer de négocier ou de demander des solutions ou de réclamer des sous perdus, on a plus qu'un passeport, on a peur, on sait pas quand on va sortir de là, on est attendus en Équateur ils se demandent ce qu'ils foutent les français pourquoi ils sont pas là ils veulent plus aider ou bien ils se rendent pas compte que chaque jours comptent? Oui mais on doit attendre il fait nuit en France, les fonctionnaires ils bossent plus quand nous on daigne ouvrir les yeux après une nuit où on n'a pas arrêter de s'agiter tellement on stresse. Hier je ne pouvais plus marcher, mes jambes tremblaient trop quand je restais debout, ma tête me faisait mal et le bruit de la ville était insupportable, mais on est sortis, c'était mieux de sortir que d'attendre enfermés dans la chambre. Heureusement le bon côté dans cette histoire c'est qu'on a Ricardo, notre petit navire qui nous force parfois à boire de la bière mais bon, peut-être qu'il a raison et qu'on en a pas mal besoin après tout, c'est mieux que d'être que tous les deux avec nos problèmes. Ricardo il a les siens et un sourire, alors on sourie aussi, et on sourie tous les trois et on verra demain même si cette nuit on va mal dormir.

Je ne publierai pas cet article avant qu'on soit sorti de la merde. Parce que nos parents nous lisent, parce que nos amis nous lisent, parce que moi et ma fierté de 600 tonnes on aime pas se plaindre surtout quand il s'agit d'argent et des petits plaisirs qu'on s'est fait. Mais en attendant, j'avoue, j'ai peur putain.



30 avril.



 Il y a trois jours, jours où j'ai écrit les mots précédents, nous avons essayé de soutirer au guichet plus que ce qu'on pouvait normalement, pour rembourser l'hôtel: ça a marché, nous sommes allés prendre le passeport, c'était une première victoire qui mettait du baume au coeur après la déception de ce code pas reçu, et on était soulagé d'avoir notre bien le plus précieux sur nous!

 Hier matin j'ai eu le code, et j'ai eu peur que ma carte soit bloquée alors j'ai couru au premier magasin possible acheter n'importe quoi (un deo c'est cool un deo c'est utile un deo... Non?), et ça a marché, alors j'ai sautillé partout parce que je croyais que ma carte était bloquée, la dernière fois j'avais essayé de rentrer mon code beaucoup plus que trois fois... Et puis on a essayé de retirer des sous au guichet, test ultime, ça a marché et j'ai crié dans la rue. Je me suis excusée ensuite, Louis m'a dit que j'aurais pu crié plus fort si je l'avais voulu! On a encore dépensé mais cette fois on sait que ce n'est vraiment pas grave, on sait que la fin du voyage approche et qu'on a plus à se demander où loger maintenant, et puis on avait pas fêter l'anniversaire de Louis, et puis fuck on va bien on a le sourire. C'est fou comme une carte bleue nous a donné le sourire... Mais qu'importe. Nous l'avons le sourire, parce qu'on s'est tiré comme des grands de la merde dans laquelle on s'était mis comme des grands, et c'est le plus important.

Demain Dans quelques heures (il est 4h19 ici...) départ en Équateur, enfin et pour de bon!

Merci la vie <3


PS: À la relecture pour essayer de traquer les fourbes fautes qu'il peut y avoir, je me suis rendue compte que j'ai vraiment écrit comme une petite fille. Vous ne vous imaginez pas à quel point face à toutes les merdes qu'on a eu ces derniers jours je me suis sentie petite fille dans ce monde de brute... Ça me paraissait énorme mais il faut se rendre à l'évidence: je n'ai bel et bien non déjà 18 ans, mais QUE 18 ans..

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